L’anglais, impossible challenge ?
L’ANGLAIS, IMPOSSIBLE CHALLENGE ?
Que de fois durant ma vie de formatrice ou de professeur ai-je entendu : « « il ou elle est dys, alors c’est déjà compliqué en français, pour l’anglais c’est impossible ! »
« Je n’y suis déjà pas arrivée à l’école, alors ce n’est pas maintenant que j’ai des cours en entreprise que je vais y arriver ! »
Que de constats d’échecs, de découragement !
Alors oui, l’anglais est une langue dite « opaque » car la correspondance entre phonèmes et graphèmes est très variable. Elle ne se prononce pas comme elle s’écrit.
Pour autant, les difficultés rencontrées par une majorité d’apprenants, et pas seulement ceux rencontrant des troubles de l’apprentissage, sont nombreuses et c’est un euphémisme que de dire que le niveau d’anglais en général laisse à désirer.
L’enseignement de l’anglais est basé sur l’écrit et sur la grammaire. Preuve en est les programmes du collège au lycée. Les passages à l’oral sont trop peu nombreux, compte tenu du nombre des élèves dans une classe et du temps qu’il faudrait pour pouvoir acquérir les bases de la prononciation, des accentuations, des intonations.
Donner un sens à l’apprentissage de l’anglais, privilégier les mises en situation, se rapprocher le plus possible d’une manière d’apprendre naturelle, mettant en avant l’oral, puis dans un second temps expliciter la grammaire, repérer l’orthographe des mots serait plus cohérent.
Du temps est laissé aux enfants lors de l’apprentissage de leur langue maternelle, avant que ne soient abordés orthographe, grammaire, conjugaison. Pour certains d’entre eux, ces étapes, même abordées alors qu’ils disposent d’un vocabulaire leur permettant de comprendre et de se faire comprendre, ces étapes donc, posent problèmes.
Une langue étrangère, a fortiori l’anglais, langue opaque comme nous l’avons vu plus haut, enseignée hors contexte, quelques heures par semaine, sans qu’une motivation particulière ne soit présente, ne trouve pas forcément sa place dans un enseignement qui, de toute manière, privilégiera les matières dites plus « essentielles », comme le français ou les maths.
Biculturelle, (de mère anglaise et de père français), j’ai eu la chance de « baigner » dans les deux langues dès le début, ce qui présente un avantage certain, je vous l’accorde. Le passage à l’écrit s’est fait extrêmement progressivement en anglais, grâce à mon Grandad, ancien directeur d’école, merveilleux pédagogue, qui me l’enseignait « à l’insu de mon plein gré ».
Les verbes irréguliers, les homonymes, tout cela, lorsque je reprends mes cahiers, précieusement conservés, tout cela s’est ancré de manière douce et naturelle. A tel point que bien des années plus tard, lorsque je voulus valider mon niveau d’anglais en fac, je me retrouvai bien ennuyée lorsqu’il fallut remplir un tableau à trois colonnes de verbes irréguliers … Je ne comprenais pas dans quelles cases je devais mettre les informations. J’inscrivai donc les verbes et ce qui leur correspondait au petit bonheur la chance. Le professeur à la remise des copies me demanda : « vous êtes anglophone ? », « oui », lui répondis-je. « OK j’ai compris », me répondit-elle.
Des années de grammaire et d’enseignement plus tard, mon expérience de formatrice et de professeur m’a ramenée de manière systématique à ces tableaux interminables, dont j’utilisais à bon escient le contenu sans savoir où le ranger.
Je ne compte pas le nombre de fois où les élèves ont dû et doivent encore avaler des listes indigestes, sans savoir vraiment pourquoi et comment les utiliser, des mots hors contexte, qu’ils apprennent sans savoir les relier entre eux, sans pouvoir construire de phrases.
Ce qui compte dans une langue vivante, c’est de s’exprimer, de communiquer, de comprendre, et lorsque vous êtes à l’étranger ou avec une personne parlant l’anglais, cela se fera essentiellement à l’oral, à moins de communiquer par traducteur écrit automatique, ce qui risque de se produire à court terme.
Avoir le droit de se « tromper » comme un enfant qui balbutie au début, que l’on encourage, sans le juger, privilégier les phrases et non des listes de mots, favoriser la répétition, l’automatisme, pour acquérir de la spontanéité, regarder les films, sous- titrés en version originale dans un premier temps, car passer par la case « sous-titres » en français ne sert à rien. Le cerveau, attiré par la facilité, ne s’embarrassera pas d’effort de compréhension ni de mémorisation.
Les jeux, les séries, les chansons, les pièces de théâtre, des extraits de pièces de théâtre, les centres d’intérêt extra-scolaires, les échanges en présentiel ou distanciel, les séjours dans le pays, tout ce qui constitue l’éco système de l’être humain peut être prétexte à l’apprentissage d’une langue, et de l’anglais en particulier. Installons-le dans notre vie quotidienne, bien plus qu’il n’y est aujourd’hui et les résultats seront enfin là !