Mon enfant est-il un enfant à haut potentiel ?
Selon Wikipédia : Le terme surdoué (ou haut potentiel), décrit une aptitude intellectuelle supérieure aux normes. Les définitions du haut potentiel varient selon les théories psychologiques: du développement ou de l’intelligence (dont la théorie des intelligences multiples).
Il n’y a pas de consensus sur la définition, tandis qu’un score égal ou supérieur à 130 au test de quotient intellectuel (QI), est généralement retenu comme un indicatif.
Cette aptitude de l’intelligence fait l’objet d’un débat entre psychologues, ses détracteurs critiquent notamment la définition de l’intelligence ainsi que l’utilisation du test de QI qui ne mesure pas directement l’intelligence. De plus, la définition varie en fonction notamment de facteurs culturels.
Ci-dessus, une définition du haut potentiel proposée par Wikipédia. Il est intéressant de constater que le terme « surdoué » y est assimilé. Si l’on y regarde de plus près, nous trouverons aussi des « zèbres », des « multi-potentiels », des « précoces », de la surdouance … Important aussi de remarquer qu’il n’existe pas vraiment de consensus sur le sujet, seulement un indicateur …
La définition la plus couramment utilisée par les chercheurs consiste à dire que l’enfant à haut potentiel intellectuel (HPI) est celui dont le quotient intellectuel (QI) égale ou dépasse 130.
En tant qu’orthopédagogue, et en amont de toute intervention, je prends bien évidemment note des bilans, des diagnostics, j’entends l’inquiétude des parents, je constate l’attitude des enfants / adolescents. J’ai rencontré à travers ma pratique un grand nombre de ces élèves à haut potentiel.
À travers ma pratique, et mon expérience personnelle de maman de « zèbre » (terminologie choisie par Jeanne Siaud-Facchin), il m’est plus facile de déceler les particularités et de repérer les stratégies d’apprentissage mises en place, stratégies paraissant déroutantes pour certains et tellement évidentes pour d’autres.
Si vous le voulez bien, commençons par mon expérience personnelle. Maman de trois enfants, maintenant adultes, j’ai dû, comme bien des parents, composer avec trois personnalités différentes et ai mis un point d’honneur à reconnaître mes enfants, chacun dans leur altérité. N’ayant pas à l’époque la connaissance que j’ai aujourd’hui, je pense avoir effectué toutes les maladresses que j’essaie à présent d’éviter aux parents qui viennent en consultation. J’ai voulu les « aider » dans leurs devoirs, ce qui s’est vite transformé en corvée le soir entre l’entraînement de natation, le repas à préparer et la vie quotidienne ! C’est mon aîné, qui m’a vite ramenée à la réalité et qui, à travers son comportement, m’a amenée à me remettre complètement en question. En effet, n’ayant aucun élément de comparaison, je trouvais normal ses questionnements incessants, sa volonté d’avoir le dernier mot, ses interactions avec les adultes, sa curiosité insatiable. Je voyais toutefois à quel point il lui arrivait de « piquer des colères », de rentrer dans une immense frustration, et de contester en permanence « l’ordre établi ».
Une tension régnait en permanence. Ses résultats scolaires étaient excellents, pourtant je continuais à le « suivre », chaque soir, vérifiant ses notes, ses devoirs … jusqu’au jour où … sa maîtresse m’a dit ces mots : « lâchez-le ! ». Le lâcher ? Mais sans moi, il allait droit à la catastrophe ? Il n’était pas autonome ? Pensez ! Il avait 8 ans à peine ! Seulement comme l’ambiance à la maison était devenue exécrable, que sa sœur et son frère passaient au second plan, j’ai tenu compte des conseils prodigués … et j’ai lâché l’affaire ! Figurez-vous que ces notes se sont maintenues, faute de s’améliorer puisqu’il était déjà aux taquets !
Voilà … sur le plan scolaire, les choses étaient résolues et pour dire la vérité, il y a prescription à présent, il a déroulé une scolarité impeccable. Pas de souci.
Non, le souci est venu d’ailleurs. D’un comportement excessif avec lequel je composais, puisque je le réalisais plus tard, j’avais eu le même étant petite. Toujours ces questionnements, ces pourquoi, comment, ces discussions sans fin sur des sujets divers et variés.
Je pris alors la décision de consulter une psychologue. A la suite d’un bilan approfondi, il s’avéra que nous avions affaire à un zèbre d’un quotient intellectuel de 143. D’accord, et ? Les préconisations furent pour moi de « faire la statue » en cas de grosse crise de colère, de ne pas le changer de classe car son ego en souffrirait et de prendre en considération deux composantes très importantes du zèbre : l’intellectuel et l’affectif.
Leurs cinq sens sont aussi être extrêmement exacerbés, leur perception des choses, des événements, des éléments, de leur environnement très aiguisée, ce qui, encore une fois, ne les sert pas toujours.
Au-delà de ma propre expérience, et au fil de ma pratique, j’ai retrouvé bon nombre de ces zèbres, perdus dans leur scolarité, dans leur vie.
Ce sont eux dont les parents peuvent dire « il/elle ne travaille pas assez », avec tout ce potentiel, c’est dommage » … ou bien encore, « il/elle ne fait pas suffisamment d’effort »….Ce sont eux que la démotivation guette souvent.
L’une de mes élèves culpabilisait de ne pas pouvoir « se mettre au travail », alors même que ses résultats étaient excellents.
Les parents, s’ils ne « voient » pas leur enfant travailler, réviser, passer un certain temps sur leurs devoirs, considèrent trop vite qu’il ne fait pas d’effort. Mais pourquoi aurait-il besoin d’en faire ? Sait-il vraiment ce que cela veut dire, scolairement parlant ? Jusqu’alors, sa stratégie fonctionnait, alors pourquoi y-a-t-il un problème à présent ?
Les ennuis commencent en général lorsque l’on va imposer à un enfant à haut potentiel de devoir développer ou expliquer … La restitution ne lui pose en général pas de problème, mais devoir justifier les réponses, si. J’ai rencontré un étudiant en prépa pour qui expliquer son raisonnement était juste impossible, alors même qu’il arrivait au bon résultat.
Pour ce type de profil, la pensée s’effectue en arborescence mêlant émotion et intellectuel, créant des liens à la vitesse de la lumière. Le cerveau est en hyperactivité permanente et les connexions s’y déploient simultanément et extrêmement rapidement. Jeanne Siaud-Faccin parle aussi de « traitement multispatial » . Le défi est de canaliser et d’isoler l’information permanente au milieu de tous ces liens qui se créent à la vitesse de la lumière ! Si l’on rajoute à cela une hypersensibilité, le challenge peut s’avérer difficile !
Si l’on veut oser une comparaison un peu extrême, certains se serviront d’un GPS, énonçant étape après étape la route à parcourir, d’autres se sentiront plus à l’aise avec une carte. Les « zèbres » sont capables d’analyser les deux possibilités, tout en en produisant une troisième, sans qu’ils soient en mesure d’expliquer d’où elle vient.
Leurs fulgurances, leurs « évidences », leur rapidité, la manière de comprendre de manière quasi instantanée et de mémoriser rapidement les sert tout comme elle peut les desservir. Ils ont un appétit insatiable, une curiosité à toute épreuve, les résultats sont là, mais il suffit d’un petit grain de sable pour que tout déraille. Souvent, leur personnalité ne souffre pas l’échec, ou une mauvaise note, ils seront vite déstabilisés et touchés au plus profond d’eux-mêmes, « leur hypersensibilité » envenimant les choses.
C’est pourquoi, lorsqu’au fil des études, les travaux vont plus s’orienter vers des analyses, du développement d’idées ou de formules, certains vont rencontrer des difficultés, ceci allant à l’encontre même du processus mis en place jusqu’alors.
Il s’agit donc de les rassurer, de les accompagner et de trouver avec eux la stratégie la plus efficace à installer pour qu’ils se sentent validés et entendus. Les enfants à haut potentiel sont des révélateurs nous poussant à trouver des réponses à des questions que nous ne nous posions même pas.